|
Principales dates et étapes
|
Ni une nécro, ni un CV
|
Ce
site n’est ni une notice nécrologique ni un curriculum
vitæ. C’est la présentation des étapes
de la formation et de l’affirmation de ma pensée.
Une pensée dont l’orientation principale a toujours
été de tenter de déchiffrer et de comprendre
le monde.
Ce fut une aventure.
Dans ma jeunesse, j’ai engagé mon travail de
maîtrise des savoirs et des connaissances comme un alpiniste
attaque une ascension : certain qu’avec la préparation
indispensable et en fournissant les efforts nécessaires,
on peut atteindre un sommet raisonnablement choisi. Bien sûr,
à chaque crête, j’en découvrais
d’autres plus difficiles d’accès et plus
élevées. Mais surtout : chaque élargissement
de mes champs de connaissance, me révélait de
nouveaux champs d’ignorance, bien plus étendus
que ceux dont j’avais jusque-là conscience. Ce
qui m’amena à renforcer mes points d’appui,
à récuser l’érudition - trop souvent
un obstacle dans l’effort de connaissance -, à
me défier des modes, des vogues, des querelles de clochetons,
des sophistications et des obscurités - dont trop d’intellectuels
font leurs fonds de notoriété - et finalement
à assumer les contraintes et les exigences de la connaissance:
notamment dans l’élaboration rigoureuse d’une
grille de lecture d’un objet donné, une grille
de lecture toujours à améliorer et que l’émergence
d’une nouvelle grille de lecture risque de rendre obsolète.
Avec le monde comme objet - d’abord l’économie
dans sa dimension mondiale et finalement cet ensemble inextricable
que forment désormais la Terre, le Vivant, les sociétés
humaines et le capitalisme - le travail de construction d’une
grille de lecture a été sans cesse à
reprendre. Tout simplement parce que le monde a profondément
changé, à deux reprises, au cours de ma vie
de travail : une première fois, avec l’extension
du système communiste, les décolonisations et
la prospérité dans les pays de la triade capitaliste
; et une seconde fois, avec la mondialisation capitaliste,
l’effondrement du système soviétique,
l’émergence de nouvelles puissances et la révélation
brutale des limites et des fragilités de notre planète
face au déferlement de plus en plus ample et violent
de nos prédations et de nos destructions.
Espérant encore que la prise de conscience et l’esprit
de responsabilité s’élèveront aux
niveaux qu’impose l’extrême gravité
des désastres que nous sommes en train de provoquer,
je vais essayer ici, semaine après semaine, d’apporter
ma contribution à l’indispensable travail d’analyse,
de réflexion, d’alerte et de proposition.
|
* Né le 30 mai 1935 à
Chambéry, Savoie. J’apprendrai par la suite
que mon père, Antoine Beaud, né en 1892, avait
été mobilisé de 1912 à 1919
et a connu en première ligne les atrocités
de la Grande Guerre - ce dont il ne voulut jamais me parler
; il eut ensuite à subir la calamité de la
Grande Crise ; officier de réserve il sera mobilisé
en 1939 et fait prisonnier. Une vie silencieuse de sacrifices
pour son pays et ses enfants.
|
 |
*
Etudes primaires et secondaires au lycée de Chambéry. Le 29
mai 1944, les installations ferroviaires sont bombardées,
mais c’est le cœur de la ville qui est détruit; sorti de l’abri
du lycée, place du Marché, je vois l’immeuble
dans lequel nous habitons en flammes. Figé, j’imagine
le pire. Je découvrirai plus tard que ce choc a effacé
de ma mémoire tous les souvenirs de mon enfance. Adolescent,
je pratique assidûment le ski de moyenne montagne (tire-fesses
et peaux de phoques), les baignades au Lac du Bourget et les
randonnées à bicyclette ; j’apprends à
piloter (stamp et planeur). |
Début
des années 1970, à Paris 8, Vincennes |
*
1953-58 : études supérieures à Paris
(droit/ économie politique et Sciences po) ; lecture
des grands auteurs contemporains, fréquentation régulière
des cinémas du quartier latin et de la Cinémathèque,
découverte du théatre, avec ce qui sera pour
moi l’indépassable : le TNP (Théatre national
populaire) de Jean Vilar. Opposé à l’arme
atomique, je m’abonne au Bulletin of the Atomic
scientists ; ressentant l’impérieuse nécessité
de l’Europe, je fais plusieurs séjours en Allemagne
de l’Ouest ; convaincu que l’ère de la
colonisation touche à son terme, j’envisage de
travailler comme coopérant ; solidement ancré
à gauche, j’exclus l’idée d’adhérer
au PC ou à la SFIO. |
 |
*
26 décembre 1958 : Dominique Calliope Constantinidès
- Calliope* - et moi nous marions à Chambéry
; elle m’initiera à la mythologie grecque, à
la beauté des ruines et des œuvres d’art,
à cette merveille des merveilles qu’était
la Méditerranée : plus tard, sous le régime
des colonels, nous irons ensemble, au titre d’observateurs
étrangers, suivre des procès iniques menés
sous forte surveillance policière. Elle m’amènera
aussi à découvrir l’équitation
et réussira à faire prendre conscience à
l’économiste keynésien crédule
que j’étais encore de la gravité des atteintes
à l’environnement. |
Début
des années 1980, à Paris |
*
Un premier travail comme chargé d'études à
la Banque du Maroc à Rabat (1959-60) me fait sentir,
dans les cercles des coopérants, comme un relent néocolonial.
Mon service militaire dans l’Armée de l’Air
(1960-62) me laisse à l’écart de la guerre
d’Algérie et des choix de conscience qu’elle
aurait impliqués. |
 |
*
Ayant choisi l’enseignement - un moyen, à mes
yeux, de contribuer à l’avènement d’un
monde meilleur - je soutiens en 1964, pour le doctorat d’État
de Sciences Economiques ma thèse sur “La
croissance économique de l'Allemagne de l'Ouest*”,
préparée sous la direction de Maurice Byé
; admissible à l'agrégation de Sciences Economiques,
je suis pris comme chargé de cours à la Faculté
de Droit et de Sciences économiques de Lille (1965
et 1966) ; reçu à l’agrégation,
je suis nommé maître de Conférences, à
Lille (1967 et 1968) puis au Centre Universitaire Expérimental
de Vincennes (1969 et 1970). |
Années
1980 à Paris 8, Saint-Denis |
*
Professeur à l'Université Paris 8 pendant 21
ans (à Vincennes et ensuite à Saint-Denis),
puis à l'Université Paris 7 pendant 7 ans (à
Jussieu), j’ai exercé pendant toute cette période
de nombreuses responsabilités pédagogiques,
administratives et de recherche - ayant même été,
de février à juin 1972, président de
l'Université Paris 8, alors dans une situation inextricable
(voir Vincennes an III*). Liant étroitement
mon travail de recherche et mes enseignements, beaucoup de
ceux-ci ont fait l’objet de publications ; certains
m’ont valu des invitations à enseigner dans des
universités étrangères (à Montréal,
New York et diverses villes du Brésil dans le cadres
d’un programme de l’UNU - Université des
Nations unies). |
 |
*
En 1982-83, j’ai été rapporteur général
de l'Intergroupe Emploi pour la préparation du IXème
Plan : le rapport soulignait le risque d’aller vers
les 3 millions de chômeurs ; il a déplu en haut
lieu et a fait l’objet d’une diffusion des plus
restreintes. De novembre 1983 à février 1990
j’ai présidé et animé le GEMDEV
- Groupement d’intérêt scientifique créé
avec quelques collègues pour favoriser échanges
et collaborations multidisciplinaires entre des équipes
travaillant sur l’économie mondiale, le tiers
monde et le développement. De septembre 1987 à
juillet 1990, j’ai été membre du comité
exécutif de l'EADI, Association européenne des
instituts de recherche et de formation en matière de
développement. De décembre 1989 à mars
1993, j’ai été vice-président de
la commission ECLAT, sur les risques globaux et les changements
climatiques, auprès du Ministère de l'environnement
: la mission était de préparer la structuration
des recherches en sciences dures et en sciences sociales sur
ces domaines ; au terme de nos travaux, nous apprenons que
les crédits annoncés pour 1993 - et sur lesquels
comptaient les équipes concernées - ont été
affectés à des dépenses jugées
plus importantes en haut lieu. Un exemple parmi mille de l’irresponsabilité
dont font preuve les politiques et leurs grands commis à
l’égard de l’enseignement, de la recherche
et de ce qui fut mon principal espace de travail: l’Université. |
Juillet
1997, à Paris |
 |
* Attaché au service public, j’ai considéré
normal de lui consacrer l’essentiel de mon temps : des
dizaines de milliers d’heures d’enseignement,
de recherche, de réunions, de conseils aux étudiants,
de directions de mémoires et de doctorats, d’examens
et de soutenances… Avec en parallèle d’autres
activités et de multiples engagements. Depuis juin
1993, président d'honneur du GEMDEV - GIS Economie
Mondiale, Tiers-Monde, Développement et depuis septembre
1998, ancien professeur des Universités de Paris, professeur
émérite de l'Université Paris 7, je poursuis
mes réflexions et mes travaux sur les inquiétantes
dérives de notre monde. |
Début
des années 2000, à Tokyo |
|