C'était un petit garçon qui avait de grands yeux mélancoliques glissant vers les tempes sous les paupières lourdes et obliques des peintures de la renaissance.
  Le regard évoquait l'argile, la terre, marron changeant aux reflets verts.
  C'était un curieux petit garçon.
  Lorsqu'il est passé devant moi qui prenais l'air sur la place, assise sur mon banc préféré, nos regards se sont croisés. Il m'ouvrit une clairière lumineuse entourée d'arbres aux couleurs d'automne.
  C'était un drôle de petit garçon qui s'éloignait sur la place du village où les arbres forment la ronde autour de mon banc.

  Cette nuit-là, je l'ai retrouvé dans la clairière aux couleurs d'automne ; nos chevaux à la robe brillante, châtain chaud, marchaient côte à côte.
Nous avons franchi la lisière des arbres et sommes sortis de la clairière.
Et de mon rêve.

  Quelques jours plus tard, je l'ai revu sur le mail. Il écoutait un oiseau chanter, les yeux levés vers le grand platane qui ferme la promenade. Je me suis arrêtée. Je le voyais de profil ; son regard, quoique attaché à l'oiseau haut perché, avait enregistré ma présence à la manière des chevaux à qui rien n'échappe.

  C'était un curieux petit garçon que je voyais maintenant surgir, harnaché de cuir et d'acier, monté sur un noir cheval de guerre qui battait le sol de son galop puissant.

  Et dans les yeux du cheval et ceux de l'enfant, je vis flamboyer l'incendie des solstices d'été et glisser la glace pétrifiée des solstices d'hiver sur les 5 continents et les 4 océans.

  La foulée du galop envahit la terrasse, cheval et cavalier soudés franchirent le parapet et s'engouffrèrent dans le rayon vert ultime du soleil couchant.    


Te...